La Crète, île grecque méditerranéenne, est bien connue pour ses plages, son climat et son régime alimentaire à base d’olives. Pour qui veut s’y intéresser, elle a encore bien d’autres atouts à faire valoir.
Habitée depuis la plus haute antiquité (4000 avt J.-C.), elle a abrité la civilisation minoenne, de 2700 à 1200 av. J.-C., précurseur de la civilisation antique grecque bien connue.
Sur la côte sud de l’île, à proximité de l’actuel monastère Odigitria, arriva pour la première fois en l’an 61, l’apôtre Paul, conduit prisonnier de Césarée à Rome. La région fut naturellement une des premières où s’est répandu et où a prospéré le christianisme.
Dans cette partie de l’île, assez aride et montagneuse, la chaine des Asterousia abrita de nombreux ascètes, peut-être depuis les premières années de l’histoire du monachisme (4e siècle).
La fondation du monastère d’Odigitria se situe entre le 14ème et le 16ème siècle. Il est considéré comme l’un des plus vieux monastères de Crète. À travers les siècles, l’île fut maintes fois conquise et reconquise, et subit à chaque fois destructions et reconstructions. Le monastère et ses précurseurs n’y échappèrent pas. Les moines participèrent activement aux nombreuses révoltes et révolutions des Crétois, jusqu’à l’autonomie en 1897 et au rattachement à la Grèce en 1913.
Le monastère d’Odigitria a été construit dans un lieu qui domine toute la région avec un environnement aride, sauvage et serein qui incite à la vie monastique et à l’ascétisme.
Il a la forme d’une forteresse (la tour initiale date sans doute du 10e siècle) et ses bâtiments occupent une assez grande étendue. L’église qui se trouve au centre est à deux nefs. La nef Nord est consacrée aux Saints apôtres Pierre et Paul alors que la nef Sud est consacrée à la Dormition de la Vierge. L’église héberge plusieurs icônes d’une grande valeur artistique, certaines étant des copies dont l’original est en sécurité à Héraklion. Plus au Sud, se trouvent les vestiges d’une nef consacrée à Saint Fanourios dont ne subsistent que les fondations et une tombe vénitienne. Une église plus récente a été construite à quelques pas du monastère original.
D’autres bâtiments abritent le logement du supérieur (l’higoumène), les archives, d’anciennes cellules de moines.
Si ce lieu nous a marqués, c’est d’abord par la longue ascension pour y accéder (en voiture, heureusement). Depuis le village de Sivas, nous passons les oliveraies pour arriver dans des zones plus arides. Le paysage qui se donne à nous est magnifique, vue sur la plaine agricole avec, au lointain, la mer de Lybie et le ciel qui se fondent dans le bleu azur.
Ensuite, le monastère lui-même et son environnement immédiat dégagent une sérénité incomparable, propice à la méditation et à la vie consacrée. Comme d’autres lieux religieux, les lointains fondateurs du monastère ont choisi avec soin le lieu de son implantation.
Enfin, l’histoire plurimillénaire des lieux et le patrimoine riche ne nous ont pas laissés indifférents.
S&V